Pas de transition écologique sans justice sociale abonné

En réponse au mouvement des gilets jaunes, le gouvernement a annoncé l'annulation de la hausse de la taxe sur les carburants et veut lancer une grande concertation relative à l’écologie. Les propositions de la CFDT, elles, sont déjà sur la table.

Par Claire Nillus— Publié le 05/12/2018 à 10h16

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« Il y a urgence à renouer le dialogue », avait averti Laurent Berger. Dès le début du mouvement des gilets jaunes, le secrétaire général de la CFDT a rappelé l’urgence d’apporter des réponses concrètes aux fractures sociales et territoriales qui clivent notre pays et demandé au gouvernement de réunir rapidement les syndicats, les organisations patronales et les associations pour construire un pacte social de la conversion écologique. Il a été entendu.

« Ni content ni déçu, mais mobilisé », a-t-il déclaré en sortant de l’Élysée, le mardi 27 novembre à la suite de la réunion organisée par le président de la République sur la transition énergétique. Devant les partenaires sociaux, les élus, les experts et les associations, Emmanuel Macron a présenté la programmation pluriannuelle de l’énergie, qui doit fixer dans la loi la politique énergétique de la France d’ici à 2028 et demandé aux acteurs de faire des propositions « pragmatiques » dans le cadre d’« une grande concertation sur l’écologie » qui doit aboutir à « un agenda des solutions » dans les trois mois. Dans la foulée du discours présidentiel, le Premier ministre a reçu pendant deux jours l’ensemble des collèges qui composent le Conseil national de la transition écologique : collectivités territoriales, parlementaires, organisations syndicales et patronales, représentants de la société civile.

Redonner leur place aux corps intermédiaires


Réinventer les services publics dans les territoires

Parce que les inégalités territoriales se traduisent souvent par une forte disparité d’accès aux services publics, favoriser la mobilité, c’est aussi réfléchir à un nouveau maillage territorial de l’offre de services. Les zones rurales, de montagne, les petites villes et les villes moyennes, les quartiers populaires et les zones périurbaines subissent les fermetures de guichets de diverses administrations, des déserts médicaux, la faiblesse de certains équipements, l’absence de transports collectifs… Si le service public ne peut pas être identique partout, tous les besoins dans leur diversité doivent être pris en compte. C’est le fondement de l’égalité républicaine. Il existe déjà des outils sur lesquels s’appuyer comme les schémas départementaux de services au public et les espaces mutualisés de service au public. La CFDT propose de les compléter afin de pouvoir offrir des tiers lieux, sur l’exemple des maisons de santé. Le but : maintenir des lieux d’accueil et d’accompagnement, faire rimer action publique avec proximité.

Pour le numéro un de la CFDT, c’est peut-être – enfin – un changement de méthode. Depuis dix-huit mois, Laurent Berger n’a cessé d’interpeller sur le risque encouru par le gouvernement à vouloir se passer des corps intermédiaires : « Face à une colère légitime de la part d’une partie de la population, il faut des mesures concrètes construites dans les territoires, pas des kits clés en main fournis par l’État. » Alors, s’il salue cette ouverture, il espère surtout que les propositions portées de longue date par la CFDT, avec d’autres acteurs, en faveur d’une transition écologique socialement juste, seront entendues. Il s’agit de s’engager vers un nouveau modèle de développement qui concilie les enjeux économiques, sociaux et environnementaux. Dans cette perspective, il faut commencer par fixer des objectifs atteignables. Mardi 27 novembre, la CFDT a fait connaître ses propositions pour « un pacte social de la conversion écologique » qui intègre à la réflexion les besoins des citoyens. Et au Premier ministre, le vendredi 30 novembre, Laurent Berger a redit qu’il fallait des mesures rapides et tangibles : « On n’entre pas dans un processus de concertation s’il n’y a pas de marges de manœuvre concernant des mesures réelles pour les travailleurs. »

Élaborer une politique de transports à la hauteur

La CFDT revendique un droit à la mobilité. Dans l’immédiat, cela passe par la mise en place d’un chèque mobilité destiné à tous ceux qui ne peuvent se passer de leur voiture et qui n’ont pas les moyens d’opter pour un « véhicule propre ». Surtout, cela nécessite de développer dans tous les territoires un réseau de transports fiables, collectifs et à la demande. Leur intermodalité, c’est-à-dire la possibilité de combiner différents modes de transport afin d’effectuer un même…

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